Témoignage
Notre première rencontre ? Une dispute entre Noëlle, Michel et moi à propos d’une qualité d’impression d’un document dans un annuaire d’illustrateurs !
Dix ans après, nous nous sommes rencontrés à nouveau et sommes devenus amis. Notre lien était bien entendu notre métier de graphiste.
Le temps de la présidence
Quand j’ai laissé la présidence du syndicat national des graphistes, j’ai tout de suite demandé à Michel de prendre ma succession. J’ai eu un peu de remords de le lui avoir demandé car je l’ai plongé dans un monde brutal et gestionnaire alors que Michel était un poète, qui tentait de vivre dans un monde de douceur, où le lien est primordial. Dans le monde des syndicats, il en va autrement. Il a rempli toutefois pleinement sa fonction car il avait ce caractère engagé, intime, intègre. Il n’avait pas sa langue dans sa poche pour énoncer ce qu’il avait à dire ou à contredire. Mais la fin de sa vie a bien montré son choix de prédilection pour sa création, un travail plus solitaire, plus calme.
Un poète avec lequel on riait
Michel était un homme engagé, un homme de principe, un homme de droit défendant les projets, un homme riche de vie aussi, tout en étant toujours un peu dans la lune.
Je repense à son travail pictural, à ses carnets de voyage. Travail simple. Michel aimait les choses simples, dans ce monde complexe qu’est celui du graphisme… L’important pour lui était sa place au sein des autres, on le voit bien dans son habitat avec son logement-bureau, en partie communautaire. Notre relation était professionnelle, syndicale, artistique, amicale, pleine de joie aussi, car on riait beaucoup avec Michel !
La nuit américaine
Je me souviens d’un voyage à New York avec Michel et Noëlle. Nous étions invités pour une table ronde avec les trois grands graphistes américains du moment et des directeurs artistiques, pour présenter notre travail. La journée se passe plutôt très agréablement lorsque les 20 heures approchent, les Américains se lèvent et se retirent sans ménagement nous laissant tous les trois en plan ! Nous restons là bouche bée… Puis, nous voilà tous les trois dans la rue, sous la neige, déçus, interloqués, amusés, mais ensemble ! Nous sommes partis marcher dans Coney Island. Il y avait des voitures retournées, il faisait très froid, et je me suis dit « heureusement qu’il y a des amis à ce moment précis ». Oui, cette soirée reste un souvenir inoubliable, très fort en émotion et l’un des beaux moments de ma vie.
Ces années passées près de lui restent pour moi mon âge d’or, tant du point de vue professionnel qu’amical.
Michel Bouvet, affichiste, Paris, 2008
Textes
Notes et citations
             
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À la manière de haïku